21/04/2017

J'ai fermé la porte à clefs

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Cet article a été écrit très tard dans la nuit de jeudi à vendredi. Il n'est donc pas très structuré et même si je l'ai relu et mis en page à tête reposée, j'ai voulu garder la structure "à chaud"
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Il est 22h30, je regarde un programme bofbof à la tv et je me promène sur Facebook dans le même temps. Puis je tombe sur une vidéo en direct parlant d'une nouvelle attaque à Paris, sur les Champ Elysée. (Sic)

Je ne parle jamais de ce genre d’événement. Ni de vive voix, ni à l'écrit, sur mon mur Facebook par exemple. Car je sais que les réactions des personnes à qui je m'adresse risqueraient de me décevoir. Je parle donc pour la première fois de l'effet que me fait ce genre d'info urgente.

Je suis, de base, quelqu'un de très gentille (naïve diront les extrémistes) donc j'ai toujours eu du mal à comprendre comment certains se délectent de la souffrance des autres, ou qu'ils aillent jusqu’à tuer quelqu'un de sang froid.
Ça je crois, je ne comprendrai jamais. Comment à un moment dans ta vie, tu peux te dire à toi même "tuer (ici au hasard) c'est cool". Non vraiment, j'ai beaucoup de mal à comprendre.

Je vais pas vous la jouer mère de famille inquiète du futur de ses enfants hein, après tout, nous aussi nous sommes dans ce monde, donc nous aussi nous aspirons à plus d'apaisement. Mais c'est vrai. Je suis un peu inquiète. 
Même si la France vient de passer par une période de calme relatif suite aux années mouvementées de la fin du siècle dernier (voir la chronologie wiki ici) on arrive aujourd'hui dans une ère où le terrorisme est partout, puisqu'il s'agit de personnes isolées qui agissent seules et non de grands groupes locaux aux revendications locales, internes à la France.
Ajouté à cela une bonne dose d'informations circulant en un claquement de doigts, et on se retrouve à visionner des images terribles alors que les corps des pauvres victimes sont encore chauds.
Bref, nos enfants devront donc, en plus de la crainte qu'un fou furieux ne s'attaque à eux, vivre en permanence avec ces images de douleurs venant du monde entier, en continue, sans autre filtre que leurs paupières. Ils seront soumis à cette dictature du sensationnel, car l'humain est ainsi fait. Il aime avoir peur, ressentir à la fois dégoût, compassion, et colère.

Alors en bonne humaine que je suis, j'ai zappé sur une chaîne d'infos en continue pour avoir plus de "détails". 
"Surtout pas BFMTV" me suis-je dis, certaine de pouvoir trouver un peu de bienséance chez leurs concurrents. Mais je le savais au fond de moi. Ces "journalistes" ne sont pas bénévoles. Même s'ils ont des convictions, leur patrons leur exigent des résultats palpables, tangibles, en monnaie sonnante et trébuchante. Mais bon, sur le moment je n'y ai pas plus pensé que ça. Il était tard et mon cerveau reptilien avait faim de violence.
Comme il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent, ils interviewent des passant présents au moment des heurts. Puis on voit ces passants glisser de 3 mettre sur sa gauche pour être interviewés par une autre chaîne. L'une d'elle raconte ce qu'elle a vu, entendu, son incompréhension, et les journalistes insistent pour la faire parler de ses émotions. Ils ne veulent que ça, de l'émotion.
"Vous avez paniqué?" demande le journaliste
"non pas trop" répond la dame. "mais il y a eu un vrai mouvement de panique, on a essayé de rassurer les touristes qui étaient avec nous." poursuit-elle. 
"Oui mais vous, vous avez paniqué alors?" insiste le journaliste. 
"Non non" répond-elle de nouveau.
Pas assez intéressant, on passe à son mari alors. 
"Monsieur, vous avez ressenti la panique vous?
Diantre. Si elle avait pleuré, ils l'auraient passé en boucle toute la nuit...

Bref, s'en est suivi une ribambelle d'annonces creuses et de questions tout aussi creuses de la part des journalistes plateau pour combler les vides...
"Savez vous ou sont hospitalisés les blessés?
"Non, pas d'information pour le moment" répond "l'expert" maison. 

La j'ai pesté. 
"Mais pourquoi diantre veux-tu dire au monde entier où sont soignés les blessés? Tu veux vraiment qu'ils soient retrouvés pour être achevés?"
J'ai éteints ma TV.
Je me suis souvenue pourquoi je ne regarde plus les infos à la télé.

Et puis j'ai cogité. Un petit moment. Et j'ai sentie cette boule au ventre remonter jusqu’à ma gorge. Mélange d'indignation, d’incompréhension, et de peur.
Je me suis levée pour aller me coucher. 
Je me suis arrêtée un instant. 
Je me suis dirigée vers ma porte d'entrée. 
J'ai fermé ma porte à clefs, en me disant "ils ont gagné les bâtards".

[...]

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